Identification : Les mâles ont trois cornes orientées vers l'avant, sur la tête. La corne médiane (rostrale) se lève au-dessus du bout de la bouche et tourne légèrement sur le côté. Les deux cornes pré orbitales se lèvent depuis les crêtes orbitales devant les yeux. Elles sont étroites et sont dirigées vers l'avant ou légèrement incurvées dans des directions variées. La tête porte un casque bas, dépassant le dos de seulement quelques centimètres. Les lobes occipitaux sont manquants.

Tandis que les crêtes du ventre et de la gueule ne sont pas développées, la crête dorsale est particulièrement formée. Elle consiste en 17-20 écailles jumelles, massives, et coniques, avec une base aussi large que sa hauteur. Ces écailles sont souvent de couleurs différentes par rapport à la peau avoisinante (i.e. elles peuvent être brunes avec une base jaune, grise, jaune, bleuâtre, noire). Les écailles jumelles sont séparées par une ou plusieurs écailles standards. Sur la queue, la crête est rarement discrète. L'écaillure du corps entier est fortement hétérogène. Les inter-couches entre les écailles élargies sont remplies par une ou plusieurs écailles standards. Les flancs (sauf l'abdomen et une zone d'environ deux centimètres le long de la colonne vertébrale) sont cannelés, divisant les écailles en champs fuselés. Les écailles de la gorge forment des bandes longitudinales.

Taille : Le caméléon de Jackson est un vrai caméléon de taille moyenne, les mâles croissent jusqu'à 35 cm, les femelles sont plus petites.

Couleurs : La coloration du caméléon de Jackson n'est pas très éclatante. Les couleurs s'étendent du brun vif au vert ou bleuâtre au jaune. De petites différences de couleurs existent parmi les sous-espèces. La coloration la plus fréquente est sombre, vert sale avec des lèvres brunes, jaunâtres ou jaunes, ainsi que les paupières, les crêtes de la tête et les dorsales. Les flancs cannelés peuvent aussi bien différer chez les mâles excités, les écailles élargies sur les bords de la tête peuvent tourner au bleu. En présence d'observateur humain, ils peuvent développer un motif irrégulier de la couleur du lichen. La plupart des femelles n'ont pas de cornes, celles-ci peuvent seulement être indiquées par des écailles petites et coniques ou totalement absentes. La corne rostrale seulement pourrait être développée (particulièrement dans les populations nominales de Nairobi, appelées antérieurement Chamaeleo (Trioceros) vauerescecae), mais si toutes les trois cornes sont présentes (normal chez les «vrais» caméléon de Jackson des pentes ouest du Mont Kenya), elles sont toujours plus petites et étroites que chez les mâles et souvent courbées.

Répartition : Le caméléon de Jackson vit dans les zones de haute montagne du Kenya, et de l'Ouganda et du Nord de Tanzanie. Il en a aussi été introduit dans les iles Hawaï.

Après la première description en 1896 par BOULENGER (Chamaleon jacksonii), le nom de l'espèce fut tronqué par de nombreux auteurs en «jacksonii.» Plusieurs sous-espèces (formes résiduelles) ont été identifiées. KLAVER & BOHME inclurent cette espèce dans le sous-genre Trioceros en 1986. Il y a couramment trois sous-espèces reconnues: la nominale Chamaeleo (Trioceros)j. jacksonii (de la plupart des régions), Chamaeleo (Trioceros) jacksonii xantholophus EASON, FERGUSON & HEBRARD, 1988 (connu de quelques localités sur les pentes Est du Mont Kenya), et Chamaeleo (Trioceros) jacksonii rnerumontanus RAND, 1958 (se trouvant seulement sur le Mont Méru au Nord de la Tanzanie). La sous-espèce Chamaeleo jacksonii vauerescecae a été mise en synonyme avec la sous-espèce nominale.

Climat, Habitat : Le caméléon de Jackson est abondant dans les forêts humides des montagnes de l'Afrique équatoriale de l'Est à des altitudes d'environ 280o mètres. Il préfère les buissons denses. On peut aussi le trouver sur les plantations de café, dans les jardins et les allées. Les températures quotidiennes maximales varient entre 26°C et 30°C pendant l'année, la plupart des températures diurnes se situent entre 22 et 24°C. Les températures nocturnes descendent à 10°C et même à 5°C de juin à septembre. Les précipitations peuvent dépasser 1200 mm avec un maximum en novembre, décembre, avril et mai. L'humidité matinale est d'environ 8o % et décroît pendant le jour à environ 5o %.

Biologies, Elevage en captivité : Chamaeleo (Trioceros) jacksonii est une espèce typique de caméléon de montagne, vivant à des altitudes supérieures à 2800 mètres. C'est un ovovivipare. L'agressivité de l'espèce est faible, aussi on peut garder les animaux par paires dans un terrarium à la végétation dense. Néanmoins, les mâles sont mutuellement très intolérants. Ils utilisent leurs cornes pour se pousser les uns les autres comme le font les ongulés. Cependant, les combats ne sont pas très violents et se terminent rarement par une blessure.

Un terrarium spacieux et bien éclairé devrait avoir aussi des côtés et un plafond avec filet pour fournir une bonne ventilation. Les températures devraient correspondre à celles de leur région d'origine. Une petite lampe peut donner de la chaleur supplémentaire. Les températures nocturnes doivent chuter à 15°C au moins (ou même plus bas). On peut réguler l'humidité par vaporisation, celle-ci doit être à 8o % au moins la nuit et 40 % pendant la journée. II est possible de garder les animaux dehors la majeure partie de l'année en Europe Centrale et de l'Est sur des bords de fenêtre l'hiver.

Reproduction : Cette espèce n'a pas de cycle de reproduction en captivité. Les couples peuvent s'accoupler à n'importe quel moment de l'année. Dans la nature, la saison de reproduction tombe dans les trois premiers mois de l'année. Quand un mâle rencontre une femelle, il secoue la tête et tourne les yeux. Même si elle est réceptive, la femelle secoue aussi légèrement la tête, se gonfle, ouvre la bouche et essaie d'intimider le mâle. Exceptionnellement, elle restera immobile sur la branche. Sa couleur vire au vert clair, bleuâtre ou jaune foncé. Le mâle approche et attrape la femelle aux flancs. La femelle se baisse, lève la queue et permet au mâle de monter et d'insérer son hémipénis dans son cloaque. Le coït dure environ 10 minutes et peut s'étendre à une demi-heure. Les mouvements de friction sont d'une fréquence de o.5 Hz. La fin de la copulation est signalée par la femelle au moment où elle change en couleurs sombres et commence à bouger. L'accouplement peut se répéter pendant plusieurs jours (jusqu'à 11 jours maximum et avec une séparation du mâle jusqu'à 3o jours) jusqu'à ce que la femelle soit fécondée. Elle perd alors son intérêt et réagit à la présence du mâle par une couleur noire et brillante, des marques vertes et une intimidation intense. 11 n'existe pas de «coloration de gestation».

La gestation dure - suivant les conditions - 6 à 7 mois en moyenne (174-236 jours). Initialement, la femelle accroît sa prise de nourriture puis la ralentit 4 semaines avant la naissance et finalement arrête éventuellement de manger. À la dernière étape, son poids, qui s'était accru rapidement au début, stagne voir même décroît. Son agression envers les mâles augmente. Deux jours avant la naissance, elle devient agitée et bouge nerveusement dans le terrarium. Aux heures de la matinée (habituellement entre 0 et 12 h le matin), elle donne naissance de 7 à 51 (!) jeunes. Elle les pousse du cloaque à environ la moitié de leur longueur et les presse fortement contre un support (i.e. une branche), ainsi les membranes transparentes peuvent se rompre. La naissance peut durer, selon le nombre de jeunes, de 30 minutes à 4 heures. La femelle est prête à s'accoupler de nouveau après 20 jours environ.

Les jeunes se reposent un moment et puis perforent leurs membranes pour se libérer. Ils mesurent 45-55 mm. Une coloration juvénile typique est brun clair avec des taches, des points et des lignes.